Ce parcours repensé suit la carrière de Bonnard, de son premier succès l’affiche France-Champagne, en passant par les œuvres réalisées en Normandie aux compositions lumineuses et colorées du Cannet.
La très solaire et innovante lithographie France-Champagne (1891) mais aussi celle de La Revue blanche (1894) lui vaudront le surnom de Nabi très japonard.
Sous l’influence de Gauguin et des estampes ukiyo-e, Bonnard peint des instantanés de vie en simplifiant la forme. Ce sont ces passants de Paris des Grand boulevards, 1893 ou ses paysages parisiens en hiver dans le gris de la ville Palissade aux affiches et les vieux moulins de Montmartre sous la neige (vers 1900), ou Femme aux chapeaux rouges (1899) dont la mise en page évoque les instantanés photographiques.
Bonnard mille fois plus épaté par la frimousse de son neveu observe leurs jeux d’enfants et trace des portraits gais et chaleureux comme le Portrait de Charles Terrasse (1903). De sa rencontre avec Marthe, en 1893 naîtra un type de femme légèrement grandie sur ses jambes, cambrée, fine de taille, coquette et apprêtée Bonnard guette l’imprévu, l’inhabituel comme autant de moyens d’expression de la couleur. De cette volupté naîtra paradoxalement une certaine gravité que l’on découvre par exemple dans Nus se reflétant dans le miroir (vers 1907) qui renvoie l’homme à sa solitude.
Puis sa découverte de la lumière du Midi et du Cannet dans les années 1920 transfigure son regard. Ainsi, entre dessin et composition colorée, Bonnard crée un monde inspiré de son quotidien, métamorphosant les couleurs comme avec Paysage de montagne (vers 1918) ou encore Bord de mer (vers 1932).
« Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles, et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’œil se promène sans accroc ».
Confie encore Bonnard, Paysage soleil couchant (1923) ou Paysage méditerranéen, Le Cannet (1923) le résument bien. Le jeu de masses colorées fait naitre lumières et formes et montre combien sa composition est de plus en plus le fait de la couleur. Ou encore La Petite fenêtre (1946) d’un jaune éblouissant s’ouvre sur cette nature qui lui offre des sensations puissantes et nouvelles. À près de 80 ans, Bonnard continue à apprendre. Il commence seulement à comprendre et voudrait tout recommencer.
Arrive enfin cet arbre magique et symbolique qui faisait face à la fenêtre de sa chambre : L’Amandier, qui confiera Bonnard le force à le peindre à chaque printemps et de s’identifier à lui dans la renaissance de son être.