Acquisition décembre 2023.
"Petite fille au chien ou Isabelle Lecomte du Nouy avec le chien de Bonnard au Cannet",
Pierre Bonnard, 1929-1932
Huile sur toile 51 x 63 cm.
Pierre Bonnard retrouve dans ce portrait d’Isabelle Lecomte du Nouy, petite fille de Gabrielle Vallotton (née Bernheim) et nièce du marchand Jacques Rodrigues Henriques, le charme et la gaité de certains portraits d’enfants, tel que celui de l’Enfant à la brouette (1912, Musée d’Orsay, Paris) ou encore celui plus ancien des Enfants solfiant acquis il y a quelques années par le musée Bonnard (1900, musée Bonnard).
Il existe au moins deux dessins préparatoires de ce tableau dont le sujet est probablement commandé par les parents de la fillette qui semble ravir Bonnard par son air si gaiement enfantin.
Le tableau qui nous intéresse est plus esquissé mais c’est ce qui d’après nous, lui donne tout son intérêt, sa fraîcheur et son originalité, portant la marque de la spontanéité de l’artiste devant ce portait de petite fille tout à la joie d’être dans ce jardin merveilleux du Cannet, à côté du fidèle chien de Bonnard ; dans les années 60, alors que ce tableau allait désormais figurer dans toutes les expositions consacrées à Bonnard depuis la fin du procès qui opposa les héritiers de Pierre Bonnard et ceux de Marthe Bonnard, l’historien d’art André Fermigier décrit ainsi ce que lui inspire ce tableau : “Bonnard […] a fait de cette petite fille un symbole de l’enfance remarquable par sa puissance lyrique et son intensité d’expression. C’est un des rares visages peints par Bonnard sur lequel se lise un sentiment : la joie de vivre, d’être assise sur le banc que traverse un rayon de soleil, de respirer les parfums du jardin, d’avoir son chien près de soi, d’éprouver dans une sorte d’extase le plaisir de la lumière, de l’insouciance et du repos”. On pourrait ajouter à ces propos que ce tableau qui est resté dans la famille de Bonnard jusqu’à de récentes années, conserve réellement la touche poétique du peintre emprunte des couleurs et de la lumière de la Méditerranée, tel un instantané devant le spectacle de la nature et de la vie, reflétant la première vision de l’artiste, certainement la plus authentique.
Acquisition octobre 2021.
"Les Enfants solfiant, Charles et Jean Terrasse",
Pierre Bonnard, 1900
Huile sur carton marouflé sur panneau, 44,5 x 53,5 cm.
Depuis l’origine du musée Bonnard, des liens solides ont été noués avec la famille de l’artiste dont Antoine Terrasse. Celui-ci a participé à de nombreuses expositions organisées depuis 1996 par des prêts et ses conseils d’expert de l’œuvre de son grand-oncle. Récemment disparu, c’est dans cet esprit que ses descendants ont proposé au musée Bonnard d’acquérir ce tableau de jeunesse de l’artiste, une peinture très représentative de l’univers familial du peintre lors de ses réunions familiales au Grand Lemps en Isère.
Le peintre reprendra d’ailleurs ce duo d’enfants peu de temps après dans le portrait de leur père Claude Terrasse, aujourd’hui au musée d’Orsay.
Le prix du tableau a ainsi été négocié au plus bas du marché concernant ce type d’œuvre, soit 212 000 € dont 50 000 € de subvention du Fonds régional d’Acquisition pour les musées.
Ce tableau est ainsi typique des scènes d’intérieur à la lampe réunissant la famille ou les enfants seuls autour d’une table, faisant leurs devoirs ou soupant. Charles (à gauche) et Jean (à droite) y sont représentés calmes et absorbés par leur lecture, peut-être en train de solfier, le soir auprès d’une lampe.
Le fond de la composition, un motif floral surplombé d’un fond noir qui s’interrompt à droite avec la lampe, est typiquement nabi. Cette lampe, pourtant discrète, est à l’origine de l’éclairage intimiste de ses peintures. Les tonalités du premier plan sont plus chaudes, et la lumière, bien que douce et diffuse, modèle les volumes et les visages des figures.
Le centre de la composition est occupé par les deux enfants. Au travers de cette scène familière, le cadrage serré, la lumière chaude et les couleurs adoucies créent une atmosphère agréable et reposante que Bonnard transmet à la perfection.
Nouveaux dons
En sus de cette acquisition, la famille Terrasse, au regard de la qualité du travail scientifique accompli et dans le but d’aider à prolonger la dynamique autour de cet artiste incontournable, a fait don :
• d’une sculpture en plâtre, Nu debout à sa toilette, 1900-1902, modèle unique d’une importance historique indéniable qui viendra compléter l’ensemble de sculptures en bronze déjà réuni. Pouvoir conserver un exemplaire en plâtre original est exceptionnel puisqu’il s’agit d’une petite production de sculptures de l’artiste réalisée au début du XXe siècle à l’instigation du marchand Ambroise Vollard.
• d’archives Bonnard-Terrasse comprenant, livres rares, photographies, correspondances, documents de travail, etc. ; l’ensemble étant d’une très grande importance pour l’étude de l’œuvre de Pierre Bonnard. Elles viendront compléter le Centre de recherches et d’archives que le musée s’attache à développer depuis plusieurs années.